La technique du raku, arrosage après enfumage

Il y a chez l'artiste quelque chose d'un maître de cérémonie qui fixe d'un geste de la main les poses de ses créatures, avec un tact qui n'exlue pas la fermeté.

Françoise Carrasco est une sculptrice profondément originale, demeurée à l'écart du grand récit d'une certaine modernité. Il y a chez elle un refus de la planéité, de la vision synthétique. On saisit l'importance accordée au détail, à l'immobilité, à la suspension du temps. Il y a chez cette artiste une vision mélancolique de l'humain.

Personnage discret, secret, avec obstination et audace, Françoise Carrasco, dotée d'une sacrée dose d'énergie, poursuit son travail, soucieuse de cerner toujours de plus prés le mystère que dégage, au delà des formes, toute ceuvre accomplie. Il n'y a pas une époque de sa vie, donc de sa sculpture, qui ne la découvre inquiète, sceptique parfois. Travail auquel le spectateur que nous sommes accède avec patience, dévoilement et irruption.

Cela donne lieu à une polyphonie qui recèle une nouvelle forme de recherche esthétique. Toutefois, décoder, situer le pouvoir symbolique de l'oeuvre n'est pas une garantie de libération et d'autonomie. Reste la possibilité de penser différents points de vue au même moment. Cette recherche du sens, cette compréhension de l'oeuvre de l'artiste c'est ce qui nous motive.


Catherine CAZEAUX
Philosophe


Nous sommes invités, ici, dans cette très belle Galerie Capazza à l'événement qui marque le travail de l'artiste Française Carrasco sur plus de quarante années.

Nous voici, avec notre respect encombrant et notre bagage intellectuel qui ne l'est pas moins, à admirer le travail d'une artiste qui ne se laisse enfermer dans aucune école. Le sculpteur Françoise Carrasco peut désorienter par son refus d'un style défini. Par son apparent écartèlement entre des préoccupations très actuelles el de constantes plongées vers des répertoires de formes clavant la tradition classique. Ici, nul cri ne résonne. Règne au contraire un mystérieux silence; les formes sont volontiers hiératiques, les figures intériorisent quelque drame secret et intemporel.

Depuis près de quarante ans entre l'Artiste et l'Oeuvre se tisse un réseau de relations complexes; Sculpteur et sculpture, l'un et l'autre voués dans le plein accord des rythmes essentiels et de belles intuitions. Chaque création est l'attente de l'évènement porduit par la relation entre l'artiste et la matière. L'élément génétique de la sculpture est la matière. L'artiste travaille la matière molle: la terre. Travailler la terre c'est renouer avec des gestes très anciens de l'humanité. C'est également redécouvrir des rapports plus doux, plus modérés, plus modestes avec le milieu qui est le nôtre. Une manière d'habiter cette matière.

Catherine CAZEAUX
Philosophe